La pollution du numérique, quelles solutions ?

Vaste sujet que la pollution numérique ! Si le numérique semble impalpable, son impact lui, est pourtant bien réel.

Entre le coût de la fabrication des appareils électroniques, la quantité d’énergie nécessaire pour les faire fonctionner ainsi que celle qui permet le fonctionnement du réseau internet, l’empreinte environnementale du numérique en 2019 équivaut à un pays de 2 à 3 fois la taille de la France. Et d’après une étude de GreenIT, tout cela ne va faire qu’augmenter dans les prochaines années.

La pollution du numérique comprend deux axes, celui de l’usage d’internet et celui de la fabrication des appareils qui nous permettent de nous en servir. Pour ce deuxième axe nous vous proposons d’en apprendre plus en lisant notre dernier article, qui traite de l’impact de la fabrication d’un ordinateur et de l’avantage du réemploi.

Ici nous allons surtout aborder le premier axe.

Faisons un petit tour d'horizon

D’après le rapport Clicking Clean 2017 de GreenPeace, plus de 10 % de l’électricité mondiale sert au seul fonctionnement de l’industrie du numérique.

Quant à la quantité d’électricité nécessaire pour internet, elle est équivalente à la consommation de l’ensemble du Royaume-Uni, soit 416,2 TWh. Ces émissions de carbone représentent 2 % des émissions mondiales. (Adimeo)

Tout cela pour dire que si internet était un pays, il serait la 6ᵉ nation la plus polluante au monde.

Et ça commence dans nos boîtes mails

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D’après Ralph Hintemann, chercheur de l’institut Borderstep en Allemange, un mail envoyé correspond environ à 1 g de CO2eq. En prenant en compte qu’un kilomètre en voiture représente 200 g de CO2eq et que, rien qu’en Allemagne, 1 milliard de mails sont envoyés par jour, tout de suite ça commence à chiffrer. Alors à l’échelle mondiale, n’en parlons pas ! De plus que lorsque l’on conserve nos mails (vous savez toutes ces newsletters -sauf la nôtre bien sûr- que l’on ne lit plus, etc.) cela consomme aussi de l’énergie en prenant de la place sur des serveurs qui tournent en permanence.

Et comment parler de la pollution numérique sans parler de la vidéo ?

Tout de suite, on passe au niveau bien au-dessus du mail. Ressources numérique la plus énergivore qui soit, d’après GreenPeace et The Shift Project, la consommation de streaming vidéo représente à elle seule 1 % des émissions mondiales de CO2eq. C’est-à-dire 60 % des flux de données sur internet, et d’ici 2022 cela pourrait représenter près de 82 %. Et si certaines entreprises s’engagent vers une énergie 100 % renouvelable, d’autres sont encore à la traîne.

Les data centers

Effectivement, le fonctionnement d’internet et de toutes les données que l’on consomme, repose sur les data centers. Bâtiments dans lesquels on retrouve les serveurs qui stockent, échangent et reçoivent les données et ce, 24 h sur 24, 7 jours sur 7. Autant dire que pour les faire fonctionner, il en faut de l’énergie. Et c’est en Virginie, que l’on retrouve la « Data Center Alley », soit le Boulevard des Entrepôts de Données. Cet endroit gère à lui tout seul 70 % du trafic mondial. Et pour fonctionner, la Data Center Allay utilise 4,5 GigaWatt, ce qui représente l’énergie d’un peu plus de 4 centrales nucléaires.

Et s’il est possible de les alimenter via des énergies renouvelables et que certains géants du web s’y engagent, ce n’est pas pour autant que toutes leurs démarches sont louables.

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Et côté cryptomonnaie ?

Vous y trouverez aussi des informations sur la cryptomonnaie, autre source de pollution numérique. Cette monnaie, pour exister, a besoin d’ordinateurs qui fonctionnent en permanence afin de calculer et enregistrer toutes les opérations et cela demande une quantité d’énergie importante tout en dégageant beaucoup de chaleur. À tel point qu’une entreprise au Canada, se sert d’une trentaine d’ordinateurs dédiés au Bitcoin (cryptomonnaie la plus connue) afin de faire chauffer une serre et y faire pousser du basilic !

Bref, vous l’aurez compris, utiliser internet pollue. Mais comment s’en passer aujourd’hui ?

Mesurer son impact

La première étape est de prendre conscience de cet impact et d’essayer de le mesurer, au moins à l’échelle individuelle. L’idée n’est pas de se passer complètement d’internet (de plus que cela devient compliqué) mais bien de faire au mieux avec les moyens du bord.

Pour cela il existe plusieurs outils, qui permettent de se sensibiliser à notre empreinte numérique afin de prendre des décisions pour agir de manière positive. Par exemple, il existe une extension pour le moteur de recherche Firefox, portée par The Shift Project, au nom de « Carbonalyser ». Cette extension, totalement libre de droit, vous permet de visualiser la consommation électrique et les émissions de gaz à effet de serre associées à votre navigation internet. Elle ne partage aucune de vos données, est totalement sécurisée.

L'interface se présente comme ceci :

Et pour vous donner une idée, notre responsable communication (bonjour à tou·te·s) s’est prêté au jeu :

  • Sur un peu plus de 18h de navigation internet (soit un peu plus de 2 jours de travail) elle a fait transiter 1798 Mo de données et cela a nécessité 0,658kWh, soit 227g de CO2eq.

Cela représente 27 smartphones rechargés et plus d’1 km en voiture.

  • Dans le top trois des sites qui ont engendré le plus de trafic dans sa navigation, on retrouve dans l’ordre Youtube (écoute de musique et de documentaires), LinkedIn (veille, gestion du réseau social) et Arte (documentaires et reportages).

C’est un outil réellement utile si l’on veut se rendre compte de ce qu’engendre notre navigation ainsi que pour mettre en avant les éventuels axes d’améliorations (comme écouter de la musique seulement via de l’audio et non pas en faisant tourner Youtube qui gère une vidéo en plus, par exemple).

L'impact carbone des sites web

Ensuite, si vous avez un site web et que vous cherchez un moyen d’évaluer son impact ou bien que vous voulez visualiser ce que vos sites préférés génèrent, vous pouvez utiliser des outils comme Websitecarbon ou Ecometer.

Ces deux sites permettent d’avoir deux approches différentes pour visualiser l’impact d’un site internet et d’identifier les axes d’amélioration.

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Là encore nous nous avons voulu savoir ce qu’il en était de notre côté et pour tout vous dire, nous avons encore des progrès à faire pour que notre site internet soit plus responsable. Et c’est d’ailleurs cette démarche de questionnement, qui a donné naissance à cet article !

Nous sommes déjà en train de travailler à alléger un peu cet impact et pour cela il peut être intéressant de s’intéresser au référencement naturel, au SEO, qui permet un accès plus rapide au site par exemple. Le fait de l’optimiser pour rendre l’affichage plus rapide est aussi une solution. En fait tout ce qui permet de passer le moins de temps possible à naviguer sur internet peut être une première solution.

Il est également possible d’utiliser des hébergeurs de site web qui utilisent des énergies renouvelables. Ou bien de faire attention à la quantité de médias (photos, vidéos) et animations que l’on va intégrer à son site. Chaque média génère des requêtes supplémentaires envoyées au serveur ce qui crée plus d’échanges et consomme plus d’énergie.

Quelques solutions

Le but à travers de tout cela n’est pas de moraliser qui que ce soit, nous sommes tous là pour apprendre à faire mieux et nous n’allons pas vous laisser en si bon chemin ! Maintenant passons à quelques solutions qui s’offrent à nous, afin de réduire notre empreinte numérique.

Exemple des données obtenues après scan et nettoyage d’une ancienne messagerie (un peu laissée à l’abandon, disons-le)

La solution française pour nettoyer vos boîtes mails en un clic. Avec votre autorisation, ce site scanne votre boîte de réception et procède au nettoyage. Pour chaque newsletter identifiée il vous propose de supprimer celles présentes et les prochaines, de supprimer seulement celles présentes dans votre messagerie et vous laisse gérer l’abonnement ou bien de les conserver. Et concernant la protection des données, ils sont totalement transparents, ainsi il est facile de savoir ce qu’il en est. L’inscription prend quelques minutes et l’analyse peut prendre jusqu’à quelques heures, mais il est possible de quitter l’application qui continuera son travail en fond.

Alternative française éthique pour transférer vos fichiers en toute sécurité, FileVert vous permet d’envoyer vos fichiers en vous sensibilisant à l’impact de l’usage d’internet et respectant vos données. Engagés via le mécénat environnemental, ils ont d’ailleurs décidé de soutenir WeeeFund cette année !

Les entreprises au service de la sobriété numérique

Il est aussi intéressant de se tourner vers des solutions comme Fairphone, TeleCoop, /e/OS ou bien Commown qui font partie du collectif FairTEC, qui regroupent des acteurs engagés au service de la sobriété numérique.

Fairphone propose un smartphone durable, produit dans des conditions respectueuses des Hommes et de la planète et facilement réparable de part sa conception et la disponibilité des pièces détachées.

TeleCoop est un opérateur télécom coopératif qui vous permet de payer uniquement les données mobiles que vous consommez.

/e/OS est un système d’exploitation open-source, respectueux de votre vie privée et interopérable avec vos applications mobiles habituelles.

Commown est un service coopératif de location de matériel électronique.

Des gestes simples comme :

Ne plus consommer de streaming, préférez le téléchargement de vos musiques et vidéos pour les visionner ensuite hors connexion plutôt que de les consommer « en flux tendu ».

Si vous connaissez le site que vous recherchez, entrez-le directement dans le navigateur, sans passer par le moteur de recherche. Plus les chemins sont directs, moins il y a d’échanges et d’envoi de données.

Dans la même optique, penser à fermer vos différents onglets lorsqu’ils ne sont pas nécessaires ainsi que vos applications qui tournent en fond sur votre smartphone.

Et bien sur...

Allonger la durée de vie de ses appareils électroniques, utiliser du reconditionné.  

Si ce point porte sur le second axe, qui concerne la fabrication du matériel électronique, c’est aussi celui qui permet d’avoir l’impact le plus important sur l’environnement. Et si vous faites un peu de tout, c’est encore mieux !

Il existe bien d’autres ressources afin d’avoir une démarche d’internaute responsable, n’hésitez pas à ajouter celles que vous connaissez en commentaire. Afin que l’on puisse apprendre ensemble à faire au mieux !

Une douzaine de matériaux rares préservés

Sources et ressources

Surfer sur internet et saccager la planète” – Arte

Internet est-il un fléau pour la planète ?” – Arte

Le Gros Doss – Pourquoi pollue-t-on sur internet ?” – Le Tatou

Tester son empreinte sur le climat – Avenir climatique‧org

Du clic au déclic – Infographie de Qu’est-ce qu’on fait

GreenIT / The Shift Project / GreenPeace

Images libres de droits – Pixabay

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